Liste des Participants : 1° Ellaria / 2° Kawa Ryu Nbr de participants supplémentaires ? : Personne Date :Il y a très longtemps, au temps des mythes, des légendes et des contes d'Asie...
Contexte du sujet :Feilong a réussi à faire en sorte qu'il pleuve abondamment de nouveau sur Terre, sauvant ainsi les humains qui mourraient de soif depuis trois ans à cause de la fainéantise des grands de la cour des dragons; malheureusement il a été banni par l'Empereur et il doit demeurer sur Terre, et c'est tout heureux qu'il rejoint les humains sous sa forme de dragon. C'est là qu'il va rencontrer une femme aussi mystérieuse que parfaitement inconnue de tous les dragons de son monde.
Période de la journée : Matin, neuf heures et quelques Météo : Gros nuages de pluie et surtout BEAUCOUP DE PLUIE
De grosses gouttes tombaient sur la Terre depuis quelques jours, n'abîmant pas les récoltes, ni les terres, ni les habitations. Aucun fleuve ne débordait de son lit, aucune rivière ni ruisseau. Ce n'était pas une tempête, ce n'était que de la pluie. La pluie. Cette eau douce descendant du ciel que les humains n'avaient pas vue depuis bientôt trois ans, à cause de la fainéantise des grands de la cour des dragons. Mais grâce à un jeune apprenti en formation, la pluie avait fini par retomber. Et puis...il avait fait une promesse à une petite fille, il se devait de la tenir. Il avait été condamné à mort par l'Empereur de Jade pour avoir donné un ordre en son nom sans son accord, mais il avait été sauvé les humains; et cela, le dragon s'en souviendra toujours. Soit, il avait été banni, mais il était heureux, il allait pouvoir demeurer sur Terre auprès des humains qu'il aimait tant et à qui il devait la vie !
Le jeune dragonneau aux écailles d'argent - et qui ne mesurait que deux mètres à l'époque - se jeta du haut des nuages dorés servant de seuil au palais de l'Empereur de Jade tout en disant au revoir à ses amis, les quatre Grands Maîtres qui avaient répandu la nouvelle de sa condamnation; sans eux également, il serait mort. Le Grand Maître du Tonnerre et sa femme la Grande Maîtresse de l'Eclair, le Grand Maître des Nuages et le Grand Maître des Vents. Feilong virevolta dans les cieux, sous la pluie, perçant les nuages de pluie trop longs à se vider de leur eau douce en faisant des loopings joyeusement. Il était heureux d'être en vie. Il était heureux que les humains soient en vie. Il vivait la vie.
Le dragon finit par redescendre doucement vers la Terre, à l'heure du serpent; ce qui correspond chez nous à une horaire entre neuf heures et onze heures, le moment de la journée où le serpent quitte son trou pour aller se nourrir, selon les habitants de l'époque.
Il survola la mer, heureux de voir des pêcheurs récolter nombre de poissons et le saluer au passage. Il survola des champs où des paysans regardaient leurs cultures revivre et le saluer au passage. Il survola des villages où les habitants le saluèrent, le remerciant également; tout le monde avait entendu parlé de lui et tout le monde le pointait du doigt joyeusement. Aussi son arrivée ne fut une surprise pour personne dans le village où l'attendait la petite fille à qui il avait promis de faire en sorte que la pluie revienne. Il se posa doucement sur la place du village où tous les villageois, heureux, se précipitaient, sortaient de leur maison pour venir l'accueillir. Le village était en fête.
Le dragon regarda les humains se prosterner - il restait une sous-divinité - mais il les fit se relever aussitôt. Il n'aimait pas cela, même si cela marquait leur respect; il n'avait jamais aimé qu'un humain se prosterne devant lui. Il n'était qu'un jeune dragon apprenti après tout.
Une petite fille aux longs cheveux noirs de jais se précipita sur lui, riante, versant des larmes de joie. Elle lui caressa le museau et il lui demanda de reculer un peu, histoire qu'il puisse se changer en humain. Puis une fois fait elle le gratifia d'un câlin. Feilong était heureux.
-Au fait, comment t'appelles-tu ?
Elle répondit qu'elle s'appelait Yu. "Jade". Elle n'avait plus de famille et il avait été banni de la société des dragons. Il pourrait toujours tenter de s'occuper d'elle, c'était ce qu'il pensait actuellement. Mais ses pensées furent dérangées par une femme qui lui était parfaitement inconnue, inconnue de tous les dragons au demeurant, autrement il en aurait déjà entendu parler, n'est-ce pas ? Disons qu'elle ne ressemblait en rien aux humains qu'il avait connu jusqu'ici et aucun dragon prenait une telle forme humaine. Elle devait venir de très très loin; mais aucun dragon n'était allé au-delà de leurs propres terres.
-Nǐ hǎo.
Le jeune dragon qui avait repris sa forme humaine préférée s'inclina légèrement devant l'inconnue; l'apparence d'un jeune homme qui pouvait passer pour un vieillard avec ses longs cheveux gris, et ses longues mèches d'argent retombant sans cesse devant son regard d'émeraude.
Le goût de la pluie était doux et rafraîchissant. Un goût légèrement sucré et agréable, le goût de la victoire qui n'était même pas acide à cause de son bannissement, loin de là. Il avait gagné des amis et il avait réussi à sauver des vies humaines. Que demander de plus, si ce n'était que de pouvoir élever la petite Yu qui n'avait plus de famille et n'aurait alors plus vraiment d'endroit où aller ? Elle, dont le sourire et le bonheur étaient ce que le dragon avait de plus précieux au monde.
-Puis-je savoir à qui ai-je l'honneur de m'adresser ? demanda t-il à l'étrangère d'un ton très poli et respectueux.
Re: Le goût de la pluie Lun 18 Aoû - 11:08
Ellaria
∂6 Conte : Légendes Affricaines Rubis : 155
Pluie miraculeuse
I
l était revenu et acclamé en héros, il avait fait tomber la pluie, enfin, après 3 ans de sècheresse et d'oubli. Les gens d'ici n'étaient pas rancuniers ou, du moins, ne semblaient pas considérer l'attention des dragons comme un dû mais comme un privilège. Privilège pouvant leur être ôté, en même temps que la vie la plupart du temps. J'avais déjà vu ce genre de relation et je comprenais ce que cela impliquait, ce n'était pas déséquilibré la plupart du temps et il ne m'appartenait donc pas de juger. Mais cette sècheresse avait failli tuer de très nombreuses personnes et de ce fait elle avait perturbé l'équilibre du monde.
J'étais venue aider, à ma façon, je ne pouvais faire tomber la pluie, faire le travail d'un dragon à sa place n'est pas recommandé, c'est irrespectueux, et puis de toute façon l'équilibre ne demandait pas de pluie, il demandait le retour du dragon. J'étais incapable de le faire revenir, je n'avais pas de tels pouvoirs, commander aux dragons serait commander une force bien trop grande, l'équilibre ne saurait le tolérer. J'avais donc fait de mon mieux pour empêcher les rivières de s'assécher totalement, pour donner foi et espoir aux habitants des environs et les aider à rester en vie. Ce n'était pas assez, j'avais l'impression de ne jamais en faire assez. Peut être parce que j'aurais eu le pouvoir de sauver tout le monde, d'éradiquer la mort si j'y avais mis toute mon âme. Mais après ? La mort fait partie de la vie et de l'équilibre, je le savais même si je me refusais à l'accepter. La douleur est nécessaire, la mort est nécessaire, les catastrophes et cataclysmes sont nécessaires. Je ne le comprendrais que bien plus tard...Du moins je le savais et le comprenais mais je ne l'admettrais que bien plus tard, quand j'épouserais totalement mon rôle de gardienne de l'équilibre. Quand j'aurais appris à faire ce qui pouvait l'être quand j'en avais l'occasion pour compenser tous ces moments où je ne devais rien faire.
Bref assez parlé de l'avenir revenons en à Feilong. Je m'étais promis durant ces 3 ans passés à préserver l'espoir de ces gens que lors de son retour ce dragon entendrait parler du pays. C'est malvenu de s'énerver face à un dragon et vu leur puissance il est généralement recommandé d'éviter de les vexer ou de les énerver d'une quelconque façon, mais après avoir vu mourir trop de gens qui auraient pu vivre encore de belles années, je n'en avais cure. Je comptais bien lui dire ma façon de penser. Mais cela n'arriva pas finalement. Par un hasard heureux il revint dans notre monde juste à coté de moi, j'étais sous ma forme de tourterelle et je prenais un peu de repos dans les branches d'un arbre sec et noueux que la sècheresse ne faisait pas encore souffrir car il avait, de tout temps, appris à se contenter de peu. J'aimais cet endroit car la souffrance des arbres comme celle des humains et des animaux m'est audible et visible. Je suis devenue la Tourterelle parce que j'étais une empathe à l'origine, et qu'il fallait quelqu'un qui puisse partager les malheurs de ce monde pour préserver l'équilibre et faire le bien.
Le dragon arriva donc juste devant moi et je vis le désespoir dans son regard, l'étonnement la tristesse et la honte. Je vis tout cela et je compris que je n'auras pas de mot pour lui dire ma pensée qui puisse surpasser ceux qu'il hurlait à cet instant dans son esprit. Il se faisait plus de reproches que je n'aurais pu lui en faire. Et il remonta dans mon estime à cet instant. Je m'envolais en silence et le laissait faire tomber la pluie et surgir des sources.
Je souris sous la pluie dont le tintamarre est une véritable symphonie aux oreilles de tout le monde en cet instant. Comme eux j'offre mon visage aux gouttes généreuses et comme eux j'apprécie chaque contact avec l'eau salvatrice. Je sens la Terre se gorger d'eau et soupirer d'aise, je sens la nature revivre et la souffrance disparaitre, je sens le soulagement et la joie. En cet instant je danse sous la pluie comme une enfant, enivrée par les émotions qui m'entourent, enivrée par l'odeur de la poussières humide qui retombe au sol après avoir été soulevée par la force des gouttes. Enivrée par le soulagement de l'herbe et des arbres autour de moi, enivrée par la joie des humains et des animaux dans tout le pays. Je suis dans un village où tous acclament Feilong et je ne tarde pas à le voir arriver.
Je cesse de danser et souriant je me dirigeais vers lui. Je me démarquais réellement des autres habitants car si j'avais les cheveux aussi noirs qu'eux ils étaient aussi frisés que les leurs étaient lisses. Mes grands yeux blancs se démarquaient sur ma peau d'ébène et nul ne pouvait ignorer à cet instant que je n'appartenais pas à cet endroit. Jusqu'ici je ne m'étais montrée que sous des formes plus adaptées à mon environnement, nul donc ne m'avait encore vu sous ma forme originelle, celle de l'empathe que je fus avant de devenir la Tourterelle. Non que je n'aime pas cette apparence, au contraire c'est ma préférée, mais pour donner de l'espoir aux gens il faut être comme eux, avec eux, il faut appartenir à leur monde. Il reprit forme humaine pour s'avancer vers moi, m'évitant de devoir crier vers les cieux pour me faire entendre malgré la pluie. Son apparence à lui indiquait qu'il appartenait à cet endroit mais pas à ce monde, quelque chose était étrange, outre ses longs cheveux de vieillard sur son visage de jeune homme. Peut être son allure générale qui dénotait l'assurance du dragon, peut être autre chose de plus discret que je ne pouvais expliquer...Je ne sais mais il eut été difficile de le prendre pour un banal humain.
Je m'inclinais face à lui avec politesse et répondis :
"-Nǐ hǎo dragon des eaux, je suis Ellaria. Je suis heureuse de te voir de retour dans ce monde."
"J'aurais souhaité te parler en privé, si tu y consens."
Je n'avais pas l'habitude de me faire connaitre, ni de parler d'ailleurs, ce n'était pas vraiment mon domaine, mais quelque chose chez ce dragon me faisait penser qu'un mentor ne lui ferait pas de mal, au moins quelques temps, qu'il comprenne ce qui s'était passé et comment agir à l'avenir. Et puis j'avais envie de faire connaissance avec lui, les autres dragons que j'avais rencontrés me semblaient arrogants et pompeux, ils n'auraient jamais consenti à parler à Ellaria. Ils auraient parlé à Ellaria, Tourterelle des Sables, Magicienne des Terres Arides, Gardienne de l'Equilibre et Déesse des Dunes....Mais voilà bien trop de surnoms pour une présentation et je n'aimais guère les utiliser, ils me donnaient un pouvoir que je n'avais pas...Ou du moins que je n'utilisais pas, il donnaient aux gens des attentes que je ne pouvais pas remplir. J'espérais, sincèrement, que ce dragon là qui avait semblé si désolé de découvrir ce qu'il avait fait, qui semblait si gentil avec cette petite fille et qui donnait l'impression de vraiment aimer les humains...J'espérais sincèrement que ce dragon là serait différent et qu'il accepterait de discuter avec la simple Ellaria. C'était un test, d'une certaine façon, s'il refusait il ne me verrait plus mais s'il acceptait quelque chose me disait que nous pourrions nous entendre, de venir amis.
Il est difficile d'être puissant. Les gens autour de vous vous admirent, vous détestent ou vous craignent, mais aucun ne vous ressemble et aucun ne vous comprend. Ce n'est pas leur faute, je ne peux pas non plus leur ressembler ou vivre ce qu'ils vivent, pas vraiment, parce que si la peur m'envahit je sais qui je suis et ce dont je suis capable. Je ne me suis jamais sentie impuissante et c'est un sentiment que les humains connaissent trop bien. Il est normal qu'on ne puisse se comprendre, ainsi est fait le monde. Mais ce n'est pas facile pour moi car je parcours le monde seule et sans attaches. Ce dragon a la chance d'avoir d'autres dragons autour de lui mais j'ai vu dans son regard posé sur la petite fille la même solitude que celle que je ressens parfois quand je me laisse aller à rêver d'un monde où je ne serais pas la Tourterelle. Peut être pourrons-nous nous comprendre et devenir amis, lui et moi.
code by Mandy
Re: Le goût de la pluie Jeu 21 Aoû - 18:49
Invité
L'étrangère s'était inclinée, signe de salut sur ces terres, signe de politesse. Elle marquait un bon point, les dragons, mais surtout Feilong, adoraient l'amabilité. Logique, ils avaient institué cela il y avait de cela longtemps; selon les vieilles légendes. Combien de contes, légendes et mythes racontaient l'histoire d'humains manquant cruellement de respect aux autres, y compris aux divinités célestes comme les dragons, avant d'être châtiés tout aussi cruellement ?...et combien de ces histoires relataient comment d'humbles humains respectueux et polis recevaient les largesses des créatures écailleuses car ils avaient été aimables ? Enormément.
"-Nǐ hǎo dragon des eaux, je suis Ellaria. Je suis heureuse de te voir de retour dans ce monde."
Le terme exact en ces contrées était "dragon terrestre-fluvial". Quelle différence ? me demanderez-vous. Eh bien...Les dragons étant des êtres très pointilleux, dire "dragon des eaux" n'est pas assez précis pour eux. Ouais, en fait c'est très tatillon un dragon. Bref...
"J'aurais souhaité te parler en privé, si tu y consens."
Le jeune dragonneau, car Feilong était encore un jeune dragon à cette époque, la regarda, un moment d'incompréhension. Il se questionnait. Que voulait-elle au juste ? Il était jeune et assez curieux. Mais il était surtout, très amoureux des humains. Il se mit à sourire amicalement.
-Bien sûr, avec joie !
Il fit signe à quelques habitants qui s'approchaient avec un peu de nourriture qu'il devait parler seul à seul avec l'étrangère. Une femme insista tout de même pour qu'ils prennent un bol de riz chacun histoire qu'ils se remplissent la panse. Feilong refusa très poliment en insistant sur le fait qu'en tant que dragon, il pouvait très bien se passer de nourriture pour un léger temps contrairement aux humains. Et puis la femme semblait assez famélique, donc entre les deux, elle avait plus besoin de riz que lui. Par contre il ignorait ce qu'il en était pour l'étrangère...enfin pour Ellaria...parce qu'il ignorait totalement ce qu'elle était vraiment. Bon d'accord, il restait un dragon, et en temps normal, les dragons savent quand ils sont en présence d'une personne capable de faire de la magie ou non; mais...Feilong étant un jeune dragon...là...non. Il l'ignorait. Ok, il se doutait légèrement de quelque chose, mais il misait cela plutôt sur le fait qu'elle était une étrangère sur ces terres, plutôt que sur le fait qu'elle était effectivement douée de dons magiques. Mais il l'avouerait franchement, il s'en fichait totalement.
Il désigna une petite rue dans le village où personne ne les dérangerait car la femme aux bols de riz s'éloignait déjà en disant que le dragon devait parler seul à seul avec Ellaria. Aucun habitant ne viendrait les déranger, car cela était fort impoli de déranger un dragon en pleine discussion; selon les usages de ces terres bien sûr.
-Alors...de quoi vouliez me parler ? Je suis tout ouïe, honorable dame.
Il était souriant, ravi de connaître quelqu'un de nouveau. Le jeune dragon semblait s'enthousiasmer sur tout ce qui était nouveau pour lui, à croire qu'un rien pouvait le combler et le rendre joyeux. Et cela était effectivement le cas. Le plus grand bonheur du dragon Feilong était de voir les autres heureux. Il ne supportait pas l'injustice, le malheur et la tristesse. Il aimait faire le bien, il aimait aider les humains et n'importe quelle créature dans le besoin en fait. Dès qu'il le pouvait, il aidait.
Le dragon souriait, sous la pluie qui trempait ses vêtements humbles; car il n'avait pas mis les somptueux vêtements que portaient les dragons de la cour. Oh ! Il aurait pu les revêtir en même temps que sa forme humaine, même s'il n'était plus admis à la cour. Mais il préférait la simplicité. Oui, Feilong était certainement le dragon le moins présomptueux pour l'heure.
Re: Le goût de la pluie Lun 15 Sep - 20:33
Ellaria
∂6 Conte : Légendes Affricaines Rubis : 155
Pluie miraculeuse
I
l semblait humble pour un dragon. Je n'en avais pas beaucoup cotoyé. J'aurais pu, de par mon rang, disons faute de trouver de meilleur terme, j'aurais pu être admise à la cour des dragon. Gardienne de l'Equilibre c'est un titre qui impressionne, assez pour que toutes les portes s'ouvrent. Mais les rares dragons orientaux que j'avais rencontré jusqu'ici m'avaient paru arrogants, mesquins et désagréables. Celui-ci semblait différent. Point de beaux atours de soie colorée, pas de maquillage outrancier ou de bijoux précieux. Il n'avait pas l'air d'un humain banal, certes, mais il ne mettait pas cela en valeur chez lui.
"Je comptais, je te l'avoue, te faire la morale sur tes devoirs et obligations, mais j'ai vu ton regard à ton retour, aucun des mots que j'emploierai ne saurait être aussi dur que ceux que tu t'(es dit à toi-même, ai-je tort ?"
Je le jauge du regard et reprends la parole, souriant légèrement, avec une douceur et une tristesse que je croyais avoir perdu il y a longtemps.
"Que s'est-il passé ? Cela ne te ressemble pas, je le devine, d'abandonner ainsi les humains à leur sort."
Me voilà occupée à deviner, supposer, extrapoler. Si je ne venais pas des Terres Arides je dirais que la sécheresse ne m'a pas réussi. Mais peut être est-ce davantage la souffrance qui m'a touchée, celle de ces gens habitués à l'eau et qui en ont manqué cruellement pendant 3 ans. Chez moi les gens ont peu d'eau mais savent vivre ainsi, ils se sont adaptés, ils n'en souffrent pas. Ils ignorent même qu'une autre vie existe, ce qu'ils ne peuvent imaginer ne leur manque pas.
Le bruit de l'eau autour de nous couvre les cris de joie des villageois, j'aime ce bruit qui m'est si étranger (la pluie, pas la joie....Encore que.)
"J'aurais aimé faire plus pour eux, mais cela ne m'était pas permis, pour que tu puisses prendre conscience de tes obligations."
Je souris tristement, être Gardienne est une tâche ingrate et la puissance ne sert à rien si vous ne pouvez l'utiliser. Rien ne m'en empêche, techniquement, aucune puissance supérieure ne me dicte mes actes, j'aurais pu agir, j'en avais le pouvoir. Mais je sais les conséquences des actions, bonnes ou mauvaises. L'enfer est pavé de bonne intentions et dans mon cas c'est particulièrement vrai.
Connaissez-vous l'histoire de celui qui demanda au génie la paix dans le monde ? Il vit son vœu exaucé, le monde fut dépeuplé, car la seule façon d'obtenir la paix, réellement, d'éradiquer les conflits, c'est d'éradiquer la vie. L'homme se retrouva face à un désert immobile et dépourvu de la moindre once de vie à part lui-même et compris que les vœux comme les actes ont des conséquences et que ce qui en vaut la peine ne se trouve pas facilement. Il annula son vœu et demanda en dernier vœu quelque chose de moins radical.
C'était un homme bon, prêt à sacrifier ses envie personnelles et égoïstes pour sauver le monde des conflits, mais la bonté ne suffit pas toujours. J'aurais pu aider ces gens, j'en avais le pouvoir, mais que ce serait-il passé alors ? Quelles auraient été les conséquences ? J'ai appris à savoir ce que je pouvais ou ne pouvais pas risquer de faire, une erreur pourrait coûter si cher, de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités.
code by Mandy
Désolée pour le retard
Re: Le goût de la pluie Mer 29 Oct - 14:59
Invité
"Je comptais, je te l'avoue, te faire la morale sur tes devoirs et obligations, mais j'ai vu ton regard à ton retour, aucun des mots que j'emploierai ne saurait être aussi dur que ceux que tu t'es dit à toi-même, ai-je tort ?"
Voilà une bien étrange étrangère ! Faire la morale à un dragon, même aussi jeune ? Cela ne s'était encore jamais vu, mais Feilong devait bien prendre les remontrances pour lui car il était pour l'instant le seul dragon à être sur ces terres actuellement. C'était une chose assez étrange que quelqu'un d'autre qu'un dragon fasse des remontrances à une telle créature ! C'était un peu comme si le Lapin Blanc se mettait à danser la gigadance avec le Chapelier, boire du thé avec ce dernier et se mettre à souhaiter un joyeux non-anniversaire à la Reine de Coeur, dans le conte d'origine !...bon ok l'histoire en soi n'a aucune logique de par ses personnages, mais bon, il faut bien illustrer le propos ! Car oui, réprimander un dragon quand on ne l'est pas soi-même, c'est pas logique du tout !..ni très approprié...voire suicidaire. Mais bref...Et elle avait raison, quand il est arrivé, son regard était si désespéré de voir autant de souffrance et de morts ! Mais également en colère contre ses propres congénères.
"Que s'est-il passé ? Cela ne te ressemble pas, je le devine, d'abandonner ainsi les humains à leur sort."
Non en effet, jamais il n'aurait abandonné les humains en temps normal; jamais...Pour lui il ne s'était écoulé que trois petits jours ! Mais ici...trois ans...
"J'aurais aimé faire plus pour eux, mais cela ne m'était pas permis, pour que tu puisses prendre conscience de tes obligations."
Il la regarda, peiné.
-Non...je ne pense pas que vous auriez pu...Malheureusement...Je ne suis qu'un jeune dragon, un simple apprenti. J'appartiens à la catégorie des dragons terrestres-fluviaux, la pluie n'est pas mon domaine, je dois juste veiller à l'agrémentation végétale des rives des fleuves, veiller à ce que l'eau ne déborde pas des lits des rivières et des fleuves, les charger en poissons pour les éventuels pêcheurs, faire traverser les humains s'il n'y a pas de ponts et les secourir s'ils tombent afin qu'ils ne se noient pas ! Je ne suis pas un apprenti du Grand Maître de la Pluie ! Et pourtant j'aurai aimé après ce qu'il s'est passé ! Mais je n'ai pas ce talent car il est uniquement propre qu'à certains dragons, ce n'est pas mon type de magie; hélas !
Il se retourna en entendant les rires cristallins des enfants et il versa une larme de joie; qu'il était émotif notre petit dragon ! C'était une sorte de montgolfière des sentiments; voilà ce qu'était son gros coeur de dragonneau, un objet flottant toujours plus haut au gré des vents ! Des sentiments allant toujours vers le haut pour les humains, malgré les péripéties du dragonneau.
-En fait, tous les ans est organisée une fête à laquelle sont conviés tous les dragons. Je m'y suis rendu pour la première fois mais j'ignorais totalement qu'une journée passée dans le Palais de Jade de notre Empereur équivalait à une année humaine. Si j'avais su, je serai bien vite rentré pour faire de mon mieux et aider les humains ! Quand la fête a pris fin je suis rentré sur la Terre et j'ai vu la désolation qui y régnait; je suis remonté et j'ai essayé de réveiller le Grand Maître des Pluies, mais il ne voulait pas m'écouter. Je ne suis qu'un simple apprenti, je n'ai pas son rang; alors avec quatre autres Grands Maîtres désireux d'aider nous avons essayé de faire pleuvoir, mais sans le Grand Maître des Pluies il n'y eut aucune goutte. J'ai alors ordonné à ce dernier de faire pleuvoir, en donnant un ordre au nom de notre Grand Empereur de Jade, et si cela a fonctionné, j'ai été puni pour avoir parlé à sa place.
Il baissa la tête.
-Notre Grand Empereur m'a fait enfermé et a voulu mon exécution, mais j'étais heureux car je savais les humains sauvés. Et puis, j'avais fait une promesse à une petite fille; la pauvre a perdu sa famille à cause de la sécheresse...Je voudrais pouvoir l'aider encore !
Il releva son visage, souriant.
-Mais je suis sauvé, les humains m'ont sauvé la vie ! Par contre je suis banni de la Cour des dragons...Mais ce n'est pas le plus important ! Je suis heureux, ils sont en vie ! Ils vont mieux !
Suite aux prières des humains, l'Empereur avait décidé de rétrécir la peine du dragon à quelque chose de moins radical: le bannissement au lieu de la mort. Il se retourna une nouvelle fois en entendant les joyeux cris des enfants jouant sous la pluie.
-Ils sont tellement adorables !...j'aimerais bien avoir un enfant, un jour...
Et puis soudainement il se tourna vivement vers l'étrangère.
-...mais attendez, vous dites que vous auriez pu faire pleuvoir ? Mais comment...Êtes-vous aussi une dragonne ? Ou bien êtes-vous une puissante magicienne venant d'une autre contrée ? Ou alors une déesse ?...car peu sont ceux qui viennent en aide aux humains quand l'Empereur de Jade refuse de les secourir...autrement il se serait mis en colère et il vous aurait tué, ou ordonné votre exécution comme il l'a fait pour moi !...ou alors des humains seraient morts...
Il versa beaucoup de larmes à cette idée que les humains auraient pu mourir.
-Je ne veux pas que cela arrive, ils n'ont rien demandé !
Il pleura.
Re: Le goût de la pluie
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Le goût de la pluie
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