'avais fini par m'éloigner d'Arendelle. Personne n'avait aperçu Killian dans le coin et quand j'avais commencé à le décrire les gens s'étaient montrés agressifs. Il semblerait qu'il ait tué les parents de la Reine actuelle. Certes tout le monde adorait la reine actuelle mais il semblerait que tout le monde adorait aussi ses parents. Du coup Killian n'était pas en odeur de sainteté dans le royaume et le savait sans doute, inutile de le chercher par là.
J'avais voyagé une bonne partie de la journée au fin fond de l'océan. Les chances d'y trouver Killian étaient inexistantes, son navire était solide et le capitaine ne risquait pas de le laisser couler, je n'avais jamais eu cette crainte. Qu'il soit mort sur terre d'une bataille qui aurait mal tourné, ça m'arrivait d'y penser, mais Killian au fond des abysses nul ne pouvait l'imaginer. Non, je voyageais au fond de l'océan parce que l'endroit est magnifique. Les coraux multicolores s'accrochent à chaque pan de rocher, des volcans sous-marins laissent échapper des bulles emplies de gaz colorés, les poissons sont ici plus mortels et imaginatifs que partout ailleurs et leurs couleurs sont un régal pour les yeux. Je pourrais vous décrire ce maelström de rouge, bleu vert, ce ballet subtil et mortel entre les poissons ou encore le chant des coraux...Mais à quoi bon ? Vous ne pourriez pas les voir même si vous descendiez ici. Il faut les yeux d'une sirène pour les voir et le coeur d'une femme des mers pour les apprécier.
Je n'étais remontée plus près de la surface qu'à la tombée de la nuit, j'avais envie de voir les étoiles. J'avais lu...enfin....non, ma mémoire dans le monde de Storybrooke se rappelait d'un conte qui disait que peu importe où se trouvent deux amants séparés ils voient les mêmes étoiles. C'était une erreur, notez, les étoiles visibles dépendent du monde dans lequel on se trouve et, même sur un même monde, de l'endroit où l'on se trouve. Mais c'était réconfortant parfois de parler aux étoiles de Killian et de ma quête. Elles ne posaient pas de questions, n'étaient pas moqueuses ou condescendantes, elles écoutaient sans réagir et j'aimais cela chez elles.
J'aperçus l'ombre du navire bien avant d'être à la surface et décidais de rester sous l'eau, non loin de lui. C'était peut être le Jolly Rogers mais il faisait nuit et il me serait difficile de le déterminer à la lueur de la pleine lune. Autant attendre l'aube. D'autant que retrouver Killian de nuit, sans pouvoir sortir de l'eau pour le rejoindre, serait un véritable crève-cœur. Et, accessoirement, rester non loin toute la nuit m'aiderait à me faire à l'idée que ce n'était probablement pas le Jolly Rogers. Le nombre de bateaux arpentant les mers est bien supérieur à ce que l'on croirait, en chercher un bien précis c'est comme chercher une goutte d'eau particulière dans l'océan. Je commençais à me raisonner et à rabattre le caquet de mes espoirs afin de ne pas trop déchanter quand un objet heurta l'eau violemment. Je nageais vers lui et le récupérais avant qu'il ne s'enfonce dans les abysses. Une boussole, voilà quelque chose qu'un marin ne jetait jamais, et pourtant elle était tombée trop loin du navire pour être tombée. Je l'observais plus attentivement à travers les remous du courant, à la faible lueur des étoiles et mon coeur manqua un battement.
Je connaissais cette boussole, et je connaissais celui qui l'avait jetée. Je me rapprochais du navire et sortis la tête de l'eau, assez longtemps pour l'apercevoir, accoudé à la rambarde, il venait de vider son outre, alcool bas de gamme sans doute. J'esquissais un sourire et voulut me rapprocher de lui mais je plongeais sous l'eau à nouveau, un peu bruyamment à priori. S'ensuivit un long monologue intérieur que je vous épargnerais mais qui disait, en substance "Je l'ai retrouvé ! Et....euh....Je fais quoi maintenant?"
J'avais passé tant de temps à le chercher que je n'avais pas vraiment prévu comment lui annoncer que 1) je n'étais pas morte, 2) j'étais maudite, 3) j'étais une sirène. Quoique le 1 et le 3 semblaient aller de soi dès qu'il m'apercevrait. Sauf s'il pensait rêver ou halluciner, il n'était pas vraiment étranger aux hallucinations, surtout si l'alcool venait à manquer.
Je soupire, passer si longtemps à le chercher pour ne pas oser l'aborder c'est ridicule. Sortant de l'eau à nouveau je m'approche et...me ravise, je plonge à nouveau. Non pas que j'ai peur...Enfin, peut être un peu, mais j'ai une idée. Filant rapidement je m'éclipse en direction des profondeurs, un galion repéré plus tôt s'ouvre devant moi et je n'ai pas à fouiller longtemps pour y trouver quelques bouteilles de rhum et de whisky, je m'improvise une "besace" avec quelques algues et emporte avec moi plusieurs bouteilles puis je remonte à la surface où Killian semble tenter d’appâter un poisson avec son épée.... Il ne brille plus par son intelligence et son sens du rationnel quand il manque d'alcool.
Je prends une grande inspiration et tremblante, plus d'anticipation et d'excitation que de peur, j'avance vers le navire, me plaçant du bon coté afin que la lune éclaire mon visage.
"Hello Captain !"Cette phrase que j'ai dit la première fois que je l'ai rencontré dans cette taverne, après qu'on m'ait expliqué qui il était. Cette phrase que j'ai dite ensuite tous les matins à notre réveil, cette phrase qui était comme un "je t'aime" que nous n'avons jamais eu besoin de prononcer. Cette phrase que je prononce encore chaque fois que je me réveille, chaque fois que son absence se fait trop insupportable.
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